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Colloque International Paris, 5 et 6 Novembre 2021

La psychiatrie, la psychologie et la psychanalyse ont ceci en commun qu’elles subissent de plein fouet depuis une trentaine d’années les effets de l’orientation désastreuse des politiques publiques de santé mentale qui ont conduit à une situation catastrophique aujourd’hui en termes d’accueil et de capacité de réponse à la souffrance humaine.

Nous sommes pourtant aux avant-postes pour recevoir et traiter ce qu’il en est du malaise actuel dans la civilisation avec tous les effets de la dégradation du lien social, à savoir l’isolement, la dépression mais aussi la recrudescence de la haine, des passages à l’acte, des addictions, des revendications identitaires, etc. Face à ces nouveaux défis, il nous a paru urgent d’initier un dialogue entre nous les « Psy » qui sommes tous concernés par l’appauvrissement de nos moyens d’action et de nous interroger ensemble sur ce qui fait le socle et les valeurs communes de nos pratiques dans leur diversité. De nombreux praticiens, chercheurs et familles de patients seront là, dans ce Colloque international à Paris, pour témoigner de leur expérience clinique, échanger et proposer des réponses à cette situation.

L’approche du sujet a changé. Une approche quantitative et objectivante s’est progressivement substituée à l’approche subjectivante et psychodynamique qui a fait les beaux jours de nos disciplines.

La pierre de touche de cette évolution aura été un dénigrement généralisé de ce qui fait la spécificité du sujet. Un sujet se distingue par ses assises, sa structure, son style et surtout par le fait qu’il est un être parlant et désirant avant tout.

Sa singularité se fonde sur son mode de relation à l’autre et se mobilise sous forme de l’adresse à l’autre. Un autre qui puisse l’entendre. C’est là que nous sommes requis à nous rendre disponibles pour accueillir la demande.

C’est donc à cette place d’une altérité radicale que nous opérons, altérité qui traverse le sujet tout aussi bien et qui le renvoie à sa propre énigme, son questionnement, ses embarras pour lesquels il consulte. Encore faut-il que les conditions le lui permettent, ce qui devient de plus en plus compliqué aujourd’hui, puisqu’il faut parfois plusieurs mois d’attente pour avoir un rendez-vous, notamment en pédopsychiatrie (6 à 18 mois d’attente pour une consultation en CMPP).

Notre époque, sous couvert de promettre au sujet une identité prêt-à-porter, aboutit à le réduire à un statut d’objet et à le nier comme sujet parlant. Les principes de classifications, de statistiques, de numérotation, de dénominations communes, si elles peuvent avoir leur pertinence scientifique par ailleurs et  servir des objectifs budgétaires, ne peuvent rendre compte de ce qui fait le sujet unique.

Ces systèmes de classifications ont eu pour effet le démantèlement funeste de la nosographie psychiatrique classique et ont fait disparaitre l’approche séméiologique très fine qui constituait la base de la formation clinique.

Les discussions  diagnostiques qui permettaient un repérage clinique et fournissaient les outils indispensables à l’orientation thérapeutique manquent cruellement aujourd’hui à nos soignants.

A la place, nous avons eu une classification qui n’en est même plus une. Aujourd’hui en effet, nous avons plutôt une liste de 500 troubles symptomatiques plus ou moins remaniés, plus ou moins regroupés, qui exclut le sujet à défaut d’inclure le symptôme dans le cadre de la relation à l’autre. C’est la construction d’un récit, d’une histoire personnelle et au final l’élaboration d’un discours, propre au sujet dans le transfert à l’autre de l’adresse, qui lui permettra d’en apprendre un peu plus sur la vérité de son être et de faire bouger sa position subjective.

Les pratiques de la parole et de l’écoute subissent les coups de boutoir de cette évolution qui veut imposer une approche essentiellement « neuro » objectivante avec la mise en place de nombreux protocoles et expertises pour encadrer les pratiques et réduire la palette des choix thérapeutiques possibles.

Alors qu’elles n’ont pas force de loi, les recommandations de la Haute Autorité de Santé reçues par les praticiens ces dernières années portent atteinte à leur liberté de choix en déconseillant, par exemple, le recours à la psychanalyse pour les autistes. Et par suite, que dire alors des parents privés de leur autonomie de choix quant aux méthodes thérapeutiques pour leurs enfants ?

Dernièrement l’arrêté du 10 mars 2021, relatif à la définition de l’expertise des psychologues, ne proposait qu’un seul référent cognitivo–comportementaliste associé à la valorisation  du diagnostic de « trouble du neuro-développement » avec, pour corollaire, la préconisation des seules actions de « remédiation neuropsychologique et de psycho-rééducation » !

Dans ce contexte on s’interroge sur la portée d’un exercice de psychologues soumis à des règles de bonnes pratiques, interdisant de s’appuyer sur d’autres démarches thérapeutiques, avec l’objectif de la  « mise en forme des référentiels de métiers ». Que dire de cette volonté de s’appuyer sur les seuls psychologues, déconnectés des autres « Psy », quoique subordonnés à une prescription médicale, tout en proposant de créer un ordre des psychologues que personne ne demande parmi ces derniers !

Il nous faut rappeler la situation sinistrée (pénurie de moyens, défaut de formation) de l’institution psychiatrique qui a perdu la fonction politique et sociale d’abri et d’accueil, de relation et de parole. Or, c’est la psychothérapie institutionnelle et la psychiatrie de secteur qui sont à l’origine de son rayonnement. Une des pièces maîtresses de cette psychiatrie reposait justement sur un travail en réseau entre professionnels de terrain, de liaison et de pratique à plusieurs qui a largement fait ses preuves notamment dans la prise en charge des patients psychotiques.

L’actualité nous met en garde contre les dérives idéologiques qui tendent à zapper cette dimension de l’écoute et du temps logique propre au sujet (cf. le débat actuel sur l’emprise idéologique concernant les discours d’autodétermination de l’enfant et ses demandes de changement de sexe, notamment chez l’enfant et  l’adolescent).

Dernièrement, les 27 et 28 septembre 2021, se sont tenues les Assises de la Psychiatrie  et nombre de nos collègues se sont alarmés d’omissions multiples portant sur des aspects pourtant essentiels, comme : 1/ la non remise en cause de la réforme du financement de la psychiatrie avec généralisation de la tarification à l’activité (la T2A) pourtant si décriée, 2/ l’absence d’analyse de causalité sur l’augmentation des mesures de contentions physiques, conséquence de la politique appliquée depuis des années (2008), 3/ le manque de moyens de formation, 4/ la programmation de fermetures, toujours plus nombreuses sur tout le territoire, des structures ambulatoires et hospitalières, etc.

L’institution elle-même est menacée de disparition. La pénurie de professionnels spécialisés de terrain, formés à l’accompagnement et au soin, est traitée par la mise en place de dispositifs spécialisés (tels que plateformes de coordination et d’orientation, dispositifs sectoriels innovants mais limités) au détriment d’une prise en charge du sujet dans sa globalité.

La profession dans son ensemble est en souffrance par manque de moyens et de reconnaissance. De quoi susciter de moins en moins de vocations !

Cet état de fait soulève un véritable enjeu de civilisation.

Les professionnels « Psy » s’en inquiètent particulièrement et s’engagent donc, ainsi que nous le verrons dans ce Colloque de Paris, à soutenir et à défendre une pratique du lien qui place l’accueil, l’écoute et la relation au centre de leur acte dans le respect de la diversité des formations reçues.

Les personnes intéressées sont priées de demander le lien auprès du Dr  Hachem Tyal par messages SMS ou WhatsApp « +212661156416 » ou sur mail « hachem.tyal@gmail.com« .

 

 

 

 

 

 

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